mardi 20 septembre 2016

Pays de Galles 2016



Pays de Galles 2016

Fin juin, Pierre (voir : Le col du Soufre), de retour du Qatar, m'appelle et me propose une sortie vélo fin août. Depuis le temps que nous voulions partir ensemble !! Deux jours plus tard, nous passons chez Franck, pendant un match de foot de l'euro 2016 sans véritable intérêt, et nous lui proposons six jours à vélo au Pays de Galles. Il nous dit "oui" immédiatement. Le projet est né. C'est facile....




Jour -3 : Franck est en forme, il est affûté depuis des mois !! Pierre a fait pas mal de vélo au mois de juillet, quant à moi, j'ai couru trois fois, pas de vélo du tout. J'espère que ça ira quand même. Il s'agit, tout de même, d'effectuer 555 km en six jours avec des sacoches!!. Je n'ai jamais fait ça de ma vie. Je ne suis pas inquiet. J'ai confiance en mon corps robuste !! Il en faut plus pour abattre un Franc-Comtois...  Il parait, tout de même, qu'on en bave le troisième jour...   
Jour -2 : Je me rends compte que mon porte bagages Décathlon ne se fixe pas sur mon vélo Décathlon. Embêtant deux jours avant le départ.... Je file dans toutes les boutiques de deux roues aux alentours et je trouve finalement un porte bagages qui se fixe sur l'axe de la selle et deux belles sacoches bien rouges. Charge maximale : 9 kg. Va falloir limiter les tee-shirts.

Jour -1 : Franck est malade, problèmes intestinaux, consultation chez le médecin. Pierre récupère son fourgon aménagé. Mes deux compagnons de voyage sont prêts : le vélo, les bagages. Pas moi. J'ai du retard. Je teste finalement mon vélo pour la première fois à 17h avec la totalité du chargement. Je parcours 3 km sans pépin apparent. Il faut dire que je compte sur Pierre, grand spécialiste vélo, en cas de problème. Franck, lui, sera notre spécialiste camping, et gastronomique. Sa spécialité : les pâtes cuites sur un réchaud et la vaisselle lavée dans les rivières.
Jour J (ou jour 1) :  1 heure, Le klaxon retentit dans la rue. Pierre et Franck sont là, avec le fourgon. J'ai dormi deux heures. C'est extraordinaire. L'aventure commence à l'instant. Nous chargeons mon vélo, les sacoches. Tout rentre. L'excitation est à son comble mais Franck n'a pas la grande forme malgré les médicaments. Je m'installe à la table. C'est un rêve de gosse de voyager dans un camion aménagé. Nous sommes aux anges, les trois ensemble, dans ce camion. Malgré le manque de sommeil, il est impensable de fermer l'oeil une seule seconde.  



Nous arrivons à Calais vers 5h. Nous traversons la "jungle de Calais". Des grilles de chaque côté de la route, des voitures de police ici et là. C'est assez impressionnant. Nous nous garons sur le parking réservé aux camping-cars. J'ai déjà vu des parking plus.... accueillants. Ca sent l'urine à plein nez. C'est une zone de transit. Et j'aime bien les zones de transit. Nous sommes fatigués, mais conscients de commencer une belle aventure.



Petit tour sur la plage. Première prise de contact avec la nature avant de nous reposer deux heures avant d'aller embarquer à quelques centaines de mètres pour l'Angleterre.       


Installation pour quelques heures.



L'avantage d'être grand et costaud, c'est qu'on bénéficie d'une banquette pour soi. Un privilège.   



Ca y est. C'est l'heure. L'ambiance est beaucoup moins glauque de jour. Il fait beau. L'immense plage donne un petit air de vacances. Sinon, Pierre ronfle, c'est une certitude.



Direction embarquement. Nous retraversons une partie de "la jungle de Calais" encore plus impressionnante de jour et nous montons à bord du ferry.   


Il fait frisquet sur le pont. Ces bateaux sont monstrueux. La moindre manoeuvre est fascinante à observer. Les appareils photos commencent à chauffer. J'entends les rafales de Pierre. Ca mitraille dur. Le temps se gâte un peu. Vent, averses. Ca nous donne un avant goût de ce qui nous attend pour la suite. 






Les côtes anglaises. La blancheur des falaises de Douvres tranchent avec le ciel grisonnant. Magnifique. Difficile de prendre des photos. Ca souffle énormément et les averses nous obligent à nous mettre à l'abri.  



Le port de Douvres. Tout est gigantesque.




Nous sortons du port et nous roulons, à gauche, sur les routes anglaises. Pierre assure, malgré la fatigue. Les routes sont saturées autour de Londres. Beaucoup de bouchonne. J'aurais bien aimé faire une halte à Stonehenge mais il vaut mieux arriver tôt au camping pour bien préparer notre périple à vélo. Premier arrêt essence. C'est la fête dans la station service. C'est surréaliste. Trois filles, embauchées par Esso, assez mignonnes d'après l'avis général,  dansent vers les pompes à essence, il y a un DJ devant le parking et une sorte de magicien. On se demande ce qu'il se passe. Pierre descend du camion pour faire le plein et quelques secondes plus tard, les filles se précipitent sur lui. Sur un tube des années 90, le DJ annonce au micro que nous vous gagné un chèque de 60 euros. Séance photos... C'est assez incroyable. Voilà un excellent départ ! Notre petit voyage commence très bien ! Ce court arrêt, en plus de nous faire faire des économies, nous donne une pêche d'enfer.     



Le temps ne s'améliore pas du tout. Le vent est de plus en plus violent. L'un des deux ponts menant au Pays de Galles est fermé à cause de la météo. Nous commençons à réaliser que ça ne va pas être simple de pédaler dans ces conditions là.... Nous arrivons enfin au Pays de Galles. Cette contrée paraissait lointaine et finalement nous y sommes parvenus en quelques heures. Nous nous rendons compte que ce pays est très vallonné. Ca grimpe et ça descend sans arrêt. Les départementales sont bordées de haies qui donnent un certain charme au paysage mais qui enlèvent toute visibilité. Aucun moyen de s'arrêter sur le bas côté. Tous les champs sont délimités soit par des haies soit par des murets.
17h. Nous arrivons au camping de Llangorse après 760 km de route. Quelques éclaircies donnent un joli dégradé de verts aux champs environnants. Mais les polaires et les Gore-tex sont de rigueur. Il faudra compter sur le vent durant ces six jours. Très bon accueil à l'office du camping. Nous pouvons laisser le camion jusqu'à notre retour, dans cinq jours, pour un prix très intéressant. Nous préparons les vélos pour notre première sortie officielle à trois. 5 km vers le lac de Llangorse.



Paysage de bocage typique de la région : des collines, des haies délimitant les champs, de grandes bâtisses en pierres apparentes. C'est charmant.    




Il n'y a personne. L'office qui loue les barques, les pédalos et autres embarcations est fermé pour cause de vents violents. 


Retour au camion. Préparation de la journée de demain autour d'une bière, de rondelles de saucisson et de gâteaux apéros achetés dans la boutique du lac. Environ 90 km pour notre premier trajet. Nous n'avons pas fait ça depuis un an et demi, et encore, c'était sans sacoche. La météo n'est pas bonne pour les deux journées à venir: Pluie et vent, sans surprise. Nous louerons une chambre dans un Bed & Breakfast (la mort dans l'âme) si les conditions sont vraiment exécrables. La route ne devrait pas être trop dure d'après Pierre. Mais les 30 derniers kilomètres effectués en fourgon sur les petites départementales nous laissent à penser que ce ne sera jamais plat. Nous verrons bien. La bière est fraîche et le saucisson est bon.  



Il est à peine 21 heures et nous nous couchons dans le fourgon pour une dernière nuit au chaud et à l'abri. Nous sommes heureux d'en découdre, enfin. Mais les 90 km, chargés, avec le vent et la pluie laissent planer une légère appréhension... Sans un poil d'inconscience, nous ne serions pas ici.  


Jour 2 : Ca y est, nous y sommes. Après une nuit agrémentée de quelques ronflements dus sans doute à la fatigue, nous prenons un petit café, des morceaux de brioche et nous préparons nos vélos dans un brouillard humide. La pluie a cessé mais elle n'est pas loin.



Frais, dispos et souriants, nous sommes prêts. Il est 7h.


Arrêt obligatoire vers notre première Red telephone box bordant un joli cimetière. J'adore les cimetières (voir : Les cimetières  ).






Arrêt café, chocolat chaud et barres chocolatés dans le Spar d'une station service. Un vrai réconfort après deux ou trois heures passées dans la fraîcheur matinale. La pluie nous a épargnés pour l'instant. La route a été très agréable. Les haies nous ont protégés du vent et la circulation a été quasi nulle. C'est l'avantage de partir tôt. 




Nous devons faire attention à notre état de santé. Il faut tenir six jours et rentrer en vie. Nous devons nous appliquer la règle des trois "F" comme sur un bateau ou en montagne (Froid, Faim, Fatigue). Pour nous, ce sera Froid, Faim et Foto. Nous n'hésiterons pas à laisser la part belle à la partie "Foto", enfin "Photo".  







Ce début de parcours est très agréable. Un vrai plaisir. Les 50 premiers kilomètres sont passés comme une lettre à la poste. L'absence de circulation nous a permis de rouler côte à côte la plupart du temps. Arrivée à Llanwrda.





Notre première pause déjeuner est un vrai plaisir. Les sandwichs au jambon cru préparés par Franck sont à tomber parterre. Deux chacun, un luxe... Il faut recharger les batteries car la gérante de la petite épicerie nous prévient que ça va grimper puis descendre puis grimper puis descendre, "up and down".     

 







Là, ça commence sérieusement à grimper. Je suis largué à 200 m de mes compagnons de route. Je fais la dernière montée au ralenti. Ils m'attendent au dessus. Franck n'est pas au mieux. Toujours ses problèmes de ventre. Par contre, il monte les côtes avec une facilité déconcertante. Pierre, lui, suit sans problème. Ses sorties du mois de juillet lui sont profitables. J'aurais du m'entraîner un peu...  



Petite sieste dans le parc de Lampeter. Un pur bonheur. Je m'endors en quelques secondes. Environ 80 km au compteur. Il en reste environ 20. Mes adducteurs commencent à chauffer. Toujours pas de pluie.  




Nous effectuons nos derniers kilomètres sous la pluie. Une bonne grosse pluie.  Il est environ 15h et nous arrivons à Aberaeron rincés, vidés, épuisés. 105 km !! pour le premier jour. Nous apercevons la mer, premier petit réconfort. Nous nous installons rapidement dans un pub et Franck s'envoie un fish and chips, Pierre une sorte de plat gratiné avec des pommes de terre et moi, un hamburger frites. Il fait bon, il fait chaud et c'est un régal.   



Nous repartons rapidement à la recherche d'un camping. La pluie cesse. Il faut vite monter les tentes. Deux tentes neuves, une pour Franck, l'autre pour Pierre et moi. Nous nous installons pour une sieste. La pluie reprend aussitôt.    



Après deux heures de repos, une bonne douche longue et chaude, nous repartons en ville à la tombée de la nuit pour un petit gueuleton. Nous achetons pour le petit déjeuner et les sandwichs du midi. Dommage que le beau temps ne soit pas de la partie car cette petite ville balnéaire doit être très agréable l'été avec du soleil. 


 

Nous nous couchons assez tôt pour être opérationnel à 6h demain matin. 80 à 90 km nous attendent de pied ferme. Ce soir, je ne sens plus mes fesses ni mes cuisses et mes adducteurs sont douloureux. Il faut penser à bien s'hydrater. La nuit devrait nous retaper.     


Jour 3 : Réveil vers 6h, dans l'humidité. Il a plu une partie de la nuit. Nous prenons un café et un chocolat chaud dans la station service située à la sortie du camping. 20 mn de chaleur bien agréables avant d'affronter à nouveau le vent et la pluie. Nous devrons rouler l'un derrière l'autre car, sur cette route côtière, la circulation devrait être plus importante que le premier jour. J'espère que je serai à la hauteur car, hier, à chaque côte, mes potes m'ont mis 500 m dans les gencives et sans forcer. 





Finalement, le temps n'est pas si épouvantable que ça. Je m'autorise même à pédaler en tee-shirt. Mais l'arrivée à Aberystwyth se fait sous des averses et des rafales de vent. Certaines grosses vagues arrosent les touristes qui se promènent sur le front de mer. Cette ville côtière est très agréable avec les ruines du château construit par les Normands, sa balade le long de la mer, ses façades, les collines environnantes. Elle mériterait un beau rayon de soleil.  




 










Nous nous enfilons dans un pub bien chaud pour nous offrir un bon plat de pâtes qui tient au ventre. Nous sommes trempés. Cette petite heure au sec nous requinque complètement. Je découvre ce que sont les pubs. Je ne m'attendais pas à ça du tout. Franck nous avaient prévenus que c'étaient des endroits fréquentés par les familles, du bébé à la grand-mère. Et c'est exactement ça. Il y a du monde toute la journée. Les gens mangent à toute heure, salé, sucré, café, chocolat chaud, bière ...  Ce sont des lieux de bien-être absolu où les gens ont plaisir à se retrouver. Pour nous, en tout cas, ce sont des refuges chaleureux et toujours très accueillants. Une aubaine avec cette météo capricieuse. D'ailleurs, il nous faut un certain courage pour nous extraire de ce cocon douillet, pour enfiler nos vêtements encore humides et pour monter sur nos vélos. Mais la route est encore longue et ça va grimper. Nous démarrons d'ailleurs par une montée démoralisante !



Les derniers kilomètres se font sous un déluge de pluie. Nous avançons, la tête baissée. Je fais attention à ne pas glisser sur une plaque d'égout ou sur des bandes blanches. Les descentes sont dangereuses ce qui n'empêche pas Pierre d'y aller à fond. Depuis deux jours, nous avons un rituel en fonction du relief qui se présente à nous : dans les descentes, Pierre nous prend 500m, dans les montées c'est Franck qui passe devant, et moi j'essaie de tenir bon entre les deux. Mais je suis cuit, complètement cuit après 87km assez difficiles. Mes compagnons de route ont encore l'énergie de parcourir 1 km sur un petit chemin pour chercher un camping à l'entrée de Dolgellau. Je les attends pour savoir si l'emplacement convient ou non. Et puis, au bout de quelques minutes, je pars les rejoindre malgré mes jambes lourdes et mon degré de fatigue. Je veux faire les mêmes efforts qu'eux !! Finalement, le camping est trop excentré. La gérante nous en conseille un autre plus proche du centre ville. Nous reprenons nos vélos et effectuons nos derniers mètres au courage. L'endroit est parfait. L'accueil est chaleureux, comme toujours. Nous plantons nos tentes et prenons une douche. 30 mn de douche chaude. La meilleure de toute ma vie !!!!!



Visite de la ville dans l'humidité. C'est très joli. Toutes les maisons sont construites en pierre. Il y a une petite place, un petit pont en pierre, l'ensemble forme une unité pleine de charme. Nous trouvons un pub tenu par une dame. Nous sommes seuls. C'est la première fois depuis notre départ. Il faut dire que nous ne sommes plus en bord de mer. Nous sommes retournés dans les terres. Les touristes se font plus rares et, le soir, la vie dans la ville est quasiment inexistante. Les lasagnes sont délicieuses et le crumble aux pommes termine parfaitement le repas. Que du léger. Il faut dire que nous éliminons pas mal sur les vélos et je sais que, demain, je vais encore perdre quelques centaines de calories alors, nous nous faisons plaisir ! J'ai perdu un ou deux kilos depuis deux jours. C'est assez agréable de savoir que l'on peut s'enfiler un crumble aux pommes après des lasagnes sans prendre un gramme.
Nous faisons sécher nos habits dans un sèche linge sans les avoir laver, ce qui est une mauvaise idée. Les odeurs qui s'échappent de la buanderie ne sont pas toujours des plus accueillantes. Le gérant du camping, aux joues bien rouges, nous propose de mettre du papier journal à l'intérieur de nos chaussures et de les faire sécher vers la chaudière. Il est bienveillant comme tous les Gallois que nous avons rencontrés le long de la route. Il nous confirme que le temps sera bien meilleur pour la fin de notre parcours. La pluie devrait cesser ! Très bonne nouvelle.
Coucher vers 23h. 


Jour 4 : Lever vers 6h, comme d'habitude. Déjà 193km au compteur. Nous nous apprêtons à parcourir 83 km. Donc, c'est une journée tranquille. Il fait beau ! La brume se dissipe. Le village dort encore. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. Nos chaussures sont sèches !! Merci au gérant qui s'est levé pour nous les rendre. Nous prenons un peu de temps pour nous balader dans le village et prendre des photos.   















La route est très agréable. Peu de côtes, du soleil. Tout est beau. C'est un vrai plaisir. Le moral est gonflé à bloc.



Nous longeons l'estuaire de Mawddach entre Dolgellau et Barmouth. La plus belle route depuis le début de notre périple. Le décor est fabuleux.


Arrivée à Barmouth, petite station balnéaire très appréciée des touristes anglais. 





Nous n'avons que 15 km dans les jambes et il est déjà tard. Nous avons effectué de nombreux arrêts photos, histoire de nous rattraper de la journée d'hier.



Malgré l'heure avancée, nous passons une heure à nous prélasser sur la terrasse du Davy Jones Locker Cafe située en face du petit port de plaisance. Le soleil nous donne de l'énergie pour toute la journée. Les batteries sont rechargées à bloc. Aujourd'hui, nous avons envie de nous faire plaisir !! 









La route côtière est magnifique.





Arrêt au château d'Harlech, forteresse impressionnante du 13ème siècle, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Avec Pierre, nous faisons une visite rapide de l'enceinte. 




Depuis le chemin de ronde, nous dominons la mer et les environs. La vue est splendide, la forteresse austère à souhait.  







Nous poursuivons notre route.





Mes jambes semblent s'être mises au niveau. Je force beaucoup moins dans les côtes et je ne puise jamais dans mes réserves. Par contre mon genou gauche commence à me gêner. Ca devient problématique. Les derniers kilomètres avant Caernarfon sont très douloureux. Chaque coup de pédale me fait mal. Je me demande dans quel état je vais me retrouver demain matin. En tout cas, je ne pourrai pas faire 90 km avec cette douleur.  






Caernarfon, c'est beau et ça nous plaît. Le château est l'un des plus impressionnant que je connaisse. Vite, trouvons un camping assez proche, installons-nous rapidement pour revenir immédiatement visiter la ville !!! Je suis impatient de ma balader dans les rues et de voir cette forteresse du 13ème siècle.   



Il aurait fallu éviter la douche et visiter la forteresse tout de suite car ses portes sont fermées. Pourtant, il est encore tôt. Je suis un peu dégoûté car une forteresse comme celle-là, on n'en rencontre pas tous les jours. Bref, nous nous voyons obligés de nous asseoir à une terrasse au soleil pour vider une pinte de bière. Nous y restons une bonne heure à faire le bilan de notre première partie du voyage. La bière descend toute seule. Nous sommes en vacances et nous avons la fin d'après-midi à ne rien faire de particulier si ce n'est boire, se balader, discuter et manger.   








Pendant notre discussion, je fais savoir à mes camarades que ce n'est pas toujours drôle d'être 200m derrière eux et que je pensais rouler à côté d'eux, en discutant, comme au cours du premier jour, un truc sympa quoi ! Là, ça n'est plus trop le cas. J'aurais sans doute du m'entraîner davantage pour être à leur niveau. En plus, mon genou m'a fait très mal pendant les cinq derniers kilomètres. Sans doute, une tendinite du à un excès brutal de vélo et à un manque d'entraînement préalable. Le vélo, c'est leur truc. Pour moi, ça n'a jamais été un plaisir. Le vélo pour le vélo, ce n'est pas pour moi. Et, pédaler à 200 m derrière, c'est pas drôle. Pierre me dit, avec raison, que si j'étais en meilleure forme, je prendrais du plaisir. Mais il faut quand même aimer pédaler... Bref, demain, il faudra trouver une pharmacie pour me procurer un anti- inflammatoire. Mes coéquipiers sont en forme. Franck va beaucoup mieux. Ses intestins le laissent tranquille. Les vélos sont toujours en état.  Les sacoches tiennent le coup. Le bilan est positif. Il faut que le genou tienne. J'ai la pression. Je ne voudrais surtout pas être un boulet sur la fin de parcours. Ils m'en voudraient peut-être (sûrement) de ne pas m'être entraîné. 


Balade dans la ville.






Ci-dessous, le plus petit bar du Pays de Galles.






Balade au soir tombant après un fish and chips. 











Retour au camping.



C'était la plus belle journée. Magnifique du début jusqu'à la fin et pas trop difficile. Celle de demain s'annonce autrement plus coriace.


Jour 5 : Lever vers 6h. Départ 7h. Nous sommes habitués. Il fait bon. Nous aurons une belle journée. Dure mais belle. 97 km prévus, de jolis côtes dans le Snowdonia Park dont le Lianberis Pass (350m).


Premier arrêt vers une ancienne station service. 

 

 





Mon genou me fait mal. Nous trouvons une pharmacie à Lianberis. J'achète une genouillère et des anti-inflammatoires. 




Petite halte dans un pub. Chocolat chaud, café, gâteaux dans une ambiance et un décor extrêmement sympathiques.  



Ca y est. Nous sommes dans le dur. Nous traversons le Snowdonia Park. Ca grimpe mais le paysage est somptueux. Franck est 500m devant. Mon genou n'est plus douloureux. J'arrive à monter sans trop forcer. Je me sens de mieux en mieux sur le vélo. C'est le quatrième jour. Pierre nous avait prévenu que lors du quatrième jour, tout irait mieux. Moins de douleur, plus de facilité... C'est mon cas.  






Petit bilan en haut du col. Je laisse mes compagnons de route gérer la situation. Je ne suis pas du tout habitué à me laisser guider mais là, c'est le cas. Je ne regarde quasiment pas les cartes et je les laisse décider des options à suivre. Je mets juste mon veto quand j'entends trop souvent " ça va être chaud" ou " ça va grimper"... 





Swallow Falls



Franck, notre spécialiste camping, vaisselle et pâtes cuites sur un réchaud, nous prépare donc des pâtes cuites sur un réchaud. Cela fait déjà plusieurs jours qu'ils nous en parle. Il en mourait d'envie. Là, ce midi, il se fait plaisir. Regardez ce sourire. Il est dans son élément.



Effectivement, ce sont les meilleures pâtes cuites sur un réchaud du monde. Elles nous font un bien fou.




Mais Pierre repart difficilement. Il ne digère pas le petit sandwich à la rosette avalé juste avant les pâtes.



Dur dur pour Pierre. Côte à 13%.




Les paysages sont magnifiques.












Heureusement pour nous, les derniers kilomètres sont faciles. Nous roulons à vive allure en nous relayant. J'ai la pêche. Nous retrouvons notre camping de Dolgellau. Ils ont rajouté une belle table en bois rien que pour nous ! Gros apéros bien mérité. Nous formons une belle équipe même si je me demande quelle est mon utilité dans le groupe puisque je ne gère ni l'itinéraire, ni les repas. Je ne suis spécialiste en rien de ce qui nous est demandé pendant ce périple (vélo, camping....). Je prends mes potes en photo, c'est déjà pas mal.   


Pas besoin de dessins pour expliquer à quel point nous savourons ces moments.  




 Jour 6 : Il est 6 heures. Nous nous apprêtons à quitter ce camping pour la deuxième fois. Je pense que c'est notre camping préféré. Nous avons lavé notre linge. Il est propre et sec. 90 km sont prévus au programme pour notre avant dernière étape.



Grosse côte pour commencer. C'est dur mais j'ai la pêche. Plus rien ne me fait peur ! Mes jambes sont affûtées ! 



Arrêt café cake.



La route n'est pas passionnante. Nous roulons assez vite.  Repas du midi préparé par notre chef. Pâtes à la sauce tomate.




Pause à Llanidloes. 


 



Puis, nous arrivons à Rayadher. Petit village avec un camping fort sympathique. Il y a même une table qui nous tend les bras.





Au bout de quelques minutes, un Anglais vient nous demander de l'aide pour monter sa tente. Il est seul avec son fils et il a une immense tente qui pourrait contenir les deux nôtres avec nos vélos et la table en bois. Cette tente à monter est un véritable sketch à filmer. Le fils joue sur son téléphone dans leur camionnette. Il ne lèverait pas le petit doigt pour nous aider. Le père ne sait pas planter un piquet. Rien ne tient. Les tiges sautent dès qu'on les lâche. Avec la fatigue, un extraordinaire fou rire nous prend. Je n'arrive plus à planter le moindre piquet. J'en suis réduit à m'allonger parterre. Je n'ai plus de force du tout. On sent l'Anglais étourdi et pas pragmatique pour deux sous. Il a un rire hyper communicatif. Il transpire à grosses gouttes. Je n'ai pas ri comme ça depuis bien longtemps. Il nous paie une bière pour nous remercier d'avoir planter sa tente mais aussi pour les 20 minutes de fou rire. Pourtant, nous ne savons pas si cette tente tiendra la nuit.




Franck assouvit un autre fantasme : faire la vaisselle dans une rivière.  


Nous terminons cette belle journée au pub. Nous retrouvons des motards installés dans notre camping. Ils nous demandent ce que l'on pense du breack site. Ils ont l'air aussi heureux que nous, entre potes, avec leur pinte de bière bien fraîche.   


Whisky, Baileys, bière, lapin, frites.... Nous profitons de notre avant dernière soirée ensemble. 






Jour 7 : 6h30 - Petit déjeuner complet dans la rosée. Pour la première fois, nous partons sans les sacoches. Programme du jour : petite boucle dans la Elan Valley Reservoirs avant de revenir prendre nos affaires au camping pour rentrer à Llangorse, notre destination finale.  




La Elen Valley Reservoirs est, de loin, la plus belle route de notre voyage. Il est 8h et la lumière est splendide. A la sortie de chaque virage, nous nous attendons à une surprise : un pont, un lac, un mouton, un barrage... C'est un enchantement.   



Premier barrage. 


Deuxième barrage.



 


















Troisième barrage.










Le paradis










Au sommet, pas un arbre. La surface est pelée par le vent. Cela me rappelle les premiers plateaux du Kirghizistan (voir  Kirghizistan 2015 ).





Nous grimpons notre dernier véritable col (485m). Pas facile mais, après cinq jours de vélos, j'ai la forme. La descente nous ramène dans la vallée de Rhayader. Nous retrouvons les paysages traditionnels.



Nous récupérons nos affaires au camping puis nous reprenons la route après une courte visite de Rhayader.










La route est beaucoup moins enthousiasmante que ce matin. Nous roulons fort. Dernier repas. Pâtes.  



Nous terminons notre parcours à toute allure alors que nous vivons nos derniers coups de pédales ensemble. C'est assez paradoxal. Mais la route n'a rien d'intéressant et nous souhaitons arriver tôt pour profiter de l'après midi au soleil. 




Retour à notre premier camping. A l'accueil, la dame ne donnait pas cher de nos chances quand elle nous a vus partir cinq jours plus tôt avec une météo désastreuse. C'est tout fiers, que nous nous présentons à elle. 555km !! En six jours !!  C'est tout de même un petit exploit surtout pour Pierre et moi. Franck pourrait enchaîner sans problème avec le Mont Ventoux.




Nous nous offrons une bonne heure de terrasse au soleil, vers le lac. Nous faisons les comptes (surtout Franck). Le voyage ne devrait pas nous revenir à plus de 300 euros chacun.   



Nous nous sentons bien. Soulagés d'avoir réussi notre petit tour sans pépin, fiers d'avoir accompli un petit exploit, contents d'avoir perdus quelques kilos et ravis d'avoir tenu notre budget.  






Le camion est toujours là. Rédaction du carnet de voyage, douche, bière. Dernier pub à Brecon.  



Petit café et au lit.
 


Jour 8 : Lever 4 heures. Départ 5 heures. J'aimerais visiter Stonehenge mais nous craignons les bouchons vers Londres donc ce sera pour une autre fois. Pierre adoooore conduire son camion. Malgré la fatigue accumulée, il enchaîne cinq heures de conduite sans broncher. Franck retrouve sa position favorite.  



Nous arrivons à Douvres vers 10h, largement en avance. Nous avons quelques heures pour nous balader vers les magnifiques falaises blanches de Saint Margaret’s.


 

 

 




Douvres et sa forteresse



 


Visite de la forteresse. Le château de Douvres est le point d'Angleterre le plus proche du continent. La place était sans doute déjà occupée dès l'âge de fer. Les Romains y avait installé un phare (toujours visible), les Saxons une église. Guillaume le Conquérant a ensuite étendu les fortifications en 1066 et Henri II en a fait le château actuel (de 1179 à 1188) en  ajoutant le donjon entouré d'un mur d'enceinte. 


 

  


 
 

Le château a toujours eu un rôle militaire important à travers les siècles. Une série de tunnels abritaient un hôpital et des quartiers généraux pendant la seconde guerre mondiale. C'est aussi depuis ce site que l'opération "Dynamo" (évacuation de 350 000 hommes encerclés par les allemands à Dunkerque en 1940) eu lieue. Les deux dernières transformations des défenses du château furent entreprises pour lutter contre les éventuels débarquements de Napoléon et d'Hitler.    





Aujourd'hui, des comédiens en costumes nous font revivre le passé. Différentes époques sont revisitées. Les diverses animations, musique, cuisine, jeux, ...   agrémentent la visite.  







Ce qui est frappant, c'est le paradoxe entre l'austérité des bâtiments et les couleurs des meubles et des ornements. Il y avait de la couleur au Moyen Age !! L'intérieur est presque chaleureux.   





Vue depuis le sommet du Donjon. Ci-dessous, sur la photo de droite, à l'arrière plan, l'église et le phare romain, l'un des mieux préservés d'Europe. 







 


 

La visite est terminée. Nous nous dirigeons vers le port pour l'embarquement. Ca sent la fin. Nous sommes encore sous le charme du Pays de Galles. L'aventure se termine et nous le ressentons. C'était formidable nous trois, ensemble, à vélo au pays de Galles.  





Cette traversée est un peu tristounette. Nous nous offrons tout de même un bon plat chaud à bord du ferry. 



L'arrivée à Calais. Nous contournons la longue jetée fréquentée par de nombreux pêcheurs. J'ai l'impression que nous la survolons en hélicoptère.  








Nous reprenons la route jusqu'à Paris. Après une ou deux heures plutôt calmes, nous sortons les bières, nous montons le son tout en regardant les photos sur le pc. Nous chantons à tue-tête tout ce qui passe à la radio. Pierre contrôle le volant avec les genoux, se roule une clope tout en visionnant les photos et son GPS. Il arrive aussi à boire en même temps !!


Notre petit délire nous ramènent rapidement à notre point de départ : Paris, l'Esonne, Evry, Corbeil... Il est plus de 21h. Ahhh, vivement la prochaine virée.
Le lendemain, Pierre se rend compte qu'il a oublié son passeport dans une station service près de Calais. Il fera l'aller-retour, deux jours plus tard, pour le récupérer avant de repartir au Qatar. 



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