Géorgie
2019
Après
deux jours passés à Bakou en Azerbaïdjan, je me retrouve pour une
petite semaine en Géorgie. Le changement est radical. Plus grand
monde au terminal de Bakou. Les clients ne sont pas nombreux à
vouloir se rendre dans le pays voisin.
Vol
de 30 mn pour Tbilissi.
Je récupère un peu d'argent dans la
première ATM à disposition. La navette de ma pension Guest House
Lusi me récupère à la sortie. Le chauffeur conduit bizarement.
Tantôt très lentement, tantôt à gauche.. Je ne suis pas trop
rassuré. Je me demande s'il n'a pas un peu picolé avant de venir me
récupérer. Nous arrivons dans le centre-ville éclairé. C'est
charmant. Une forteresse, des ruelles étroites, du relief. Il est
minuit passé. Mon chauffeur tape son rétro contre mur. Il faut dire
que la rue de mon hôtel n'est vraiment pas large.
Il
me tarde déjà de découvrir Tbilissi de jour. Mais malgré la
fatigue, je me renseigne pour me rendre trois jours dans les
montagnes caucasiennes, en Svanétie, plus précisément à Mestia et
Ushguli. Le timing est short. C'est très, très loin. 516 km dont
plus de la moitié en route départementale. Le jeune responsable de
ma pension me propose 1400 laris, soit 428 euros ! Une fortune.
Je refuse et m'endors à 3 heures du matin, avec une certaine frustration.
Mardi
9 juillet
Réveil
à 8h30. La pension est vraiment très bien. Avec sa terrasse,
ses charmantes petites chambres. Elle est située dans la vieille
ville. C'est parfait. Oeufs en omelette, tartines de beurre et de
miel, petites crêpes au petit déjeuner. Il faut des forces pour
arpenter les ruelles de la capitale. Le charme est partout. Les
surprises s'enchaînent. Les bistros sont bien décorés, les façades
bien arrangées.
Jolie
vue sur les façades depuis les bains turcs.
Je
n'abandonne pas l'idée d'aller en Svanétie. Je monte rapidement
dans une agence tenter ma dernière chance. On me propose 800 laris, 240 euros. J'accepte même si je n'avais pas du tout imaginer mettre
un tel prix. En bus, le voyage reviendrait beaucoup moins cher mais
il faudrait 10 jours ! Au programme 1100 km aller-retour. A cela, il faut rajouter quatre heures de piste entre Mestia et Ushguli. Ca
va être l'aventure !
Un
morceau du mur de Berlin.
Après
un bon petit resto dans la rue piétonne, je rentre à ma pension
vers 21h. Demain, la journée va être longue...
Mercredi
10 juillet
Lever
5 heures. Mon taxi arrive à 6 heures, comme convenu, la veille à
l'agence. Le chauffeur, Jamel, est très sympa. Nous avons donc plus de 500
km à effectuer jusqu'à Mestia en Svanétie. Nous faisons connaissance. Nous avons tout le temps pour cela. Nous nous
comprenons dans un anglais très relatif. C'est un grand fumeur, il a
une petite fille de 3 ans et il parcourt la Géorgie chaque jour avec
son taxi. Il a l'air fatigué. Il marche au café et aux cigarettes.
Nous
prenons l'autoroute qui mène à Batumi, station balnéaire très
prisée puis, au bout de quelques heures, nous bifurquons à
l'est en direction des montagnes. Et là, les surprises commencent :
porcs, oies, vaches, chevaux, canards sur la chaussée. Nous roulons
à 60 km/h et nous traversons une multitude de petits villages.
Après
une longue route sinueuse dans les montagnes, nous arrivons enfin à
Mestia. Il est 14h. Cette petite ville ressemble à une station de
ski. En tout cas, c'est une excellente base pour découvrir toute la
région. En quelques minutes, Jamel négocie un prix avec un
autre chauffeur de 4x4 pour aller à Ushguli. En effet, une partie de
la route entre Mestia et Ushguli n'est pas bitumée. Il faut encore
débourser 200 laris pour l'aller-retour. Trois heures. 46 km.
Par
moment, la route est vraiment défoncée. Le 4x4 est indispensable.
Nous apercevons les premières tours svanes. Il s'agit de tours de défense habitées, en pierre, haute de 20 à 25 m. Elles ont été érigées entre le IXème et XIIème siècles. Aujourd'hui, elles sont utilisées pour stocker des aliments et les récoltes agricoles. Ces tours, et plus généralement la Haute Svanétie, sont inscrites au patrimoine mondial par l'UNESCO.
Ushguli
Mon
chauffeur, accompagné de son fils pour la traduction, me laisse à l'entrée du
village. Les paysages sont splendides. Quelques sommets sont
enneigés. Je flâne dans les ruelles. La très longue journée de
voiture en valait la peine ! On me dit qu'il
s'agirait du plus haut village habité d'Europe. 2100 mètres
d'altitude. A vérifier.
A
part quelques randonneurs, je ne croise presque pas de touristes. Il
y a quelques pensions de famille. Environ 200 personnes vivent ici
en permanence. Il y a une petite école. Pendant les six mois d'hiver, la route est coupée.
Après
quelques heures de balade dans cet endroit isolé, je retrouve mon
4x4 pour 1h30 de retour à la civilisation. J'ai vraiment le
sentiment qu'une fois la route complètement bitumée, ce village ne
sera plus le même. Le tourisme de masse s'en emparera.
Retour
donc à Mestia vers 18h. Petit resto en ville : Le Lalla.
Ambiance folk géorgienne. Au menu : Shashlik au bœuf, purée
au fromage, de quoi se retaper. Il y a du monde. Mestia a du succès.
Je profite de chaque minute. Je me promène dans les rues avoisinantes, la nuit est tombée. Quelques tours sont éclairées. De temps en temps, je croise un cochon ou une vache au milieu d'une rue.
Puis, je rejoins mon premier chauffeur, Jamel, qui me propose de partager sa chambre à 20 laris ( 6 euros) étant donnée que je ne sais pas du tout où dormir.
Nous discutons une bonne heure avant de nous endormir. Demain, il faudra revenir à Tbilissi...
Jeudi
11 juillet.
Lever 6 heures. Je m'octroie une heure de balade matinale
avant de reprendre la route. Je respire l'odeur de la campagne à
plein poumons. Les paysans sont déjà au travail.
Je retrouve Jamel au centre ville. Un petit café et puis c'est reparti pour 500 km.
Un
bruit suspect à l'avant gauche de la voiture retient notre
attention. Nous nous arrêtons. En effet, il manque deux boulons à
une roue et dans les virages, ça frotte ! Encore un peu et
nous perdions une roue.
Nous
arrivons vers 14 heures à Tbilissi. Increvable, Jamel me propose de
m'emmener voir les monastère dans le nord. Il vient de rouler
pendant sept heures. Il n'a rien mangé ce matin, ni ce midi. Moi non
plus d'ailleurs. Il carbure aux cigarettes et au café mais je vois
bien qu'il est fatigué. Il doit rouler, toujours rouler pour gagner
un peu plus d'argent. Il me raconte qu'après avoir payé toutes ses
charges, son loyer... il ne reste plus grand chose. Nous aurions le
temps de faire encore une excursion vers Kazbegi mais je n'ai plus
d'argent. Je suis fauché et ma carte bleue ne fonctionne plus.
Impossible de retirer quoi que ce soit. Il insiste pour que je fasse
plusieurs banques mais rien n'y fait. Je ne peux plus retirer
d'argent. Il est exténué. Nous rentrons donc, sagement, à
Tbilissi.
Nous
nous quittons avec une longue poignée de main.
J'effectue
une dernière balade nocturne dans la capitale. Je m'offre un tout
petit resto en faisant attention à garder de quoi terminer mon
voyage en Géorgie. Au menu : Kinkali et Opakhuni avec un verre
de vin rouge géorgien.
Ma
semaine en Azerbaïdjan et en Géorgie touche à sa fin. Sportive et
fatigante mais quelle découverte ! La Géorgie m'a beaucoup
plu. Tbilissi et la Svanétie. Ce pays a vraiment des atouts pour
attirer le monde entier. C'est une destination qui va avoir
énormément de succès prochainement.
A
deux heures, le patron de la pension m'emmène à l'aéroport. Il
conduit beaucoup mieux qu'à l'aller. Encore un gros fumeur.
Je
me retrouve dans les airs à quatre heures du matin. Le soleil
commence à montrer le bout de son nez. Je n'ai rien dormi. Mais
c'est ça le voyage. Je dormirai plus tard.
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